Sans Histoire, pas d’avenir

[p]Dans un essai pénétrant, Louis Manaranche rappelle combien les leçons du passé sont nécessaires.[/p]

[p]     Dans son roman 1984, fiction annonçant un monde conjuguant la technologie moderne avec une organisation totalitaire, George Orwell soulignait ceci : « Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur, celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé. » Bien avant la vogue du politiquement correct et de la repentance à tout-va, l’écrivain mettait le doigt sur les enjeux de la représentation du passé, qui tiennent au rapport entre la vérité et la liberté. Et c’est précisément ici que les débats touchant à l’enseignement de l’histoire débordent par nature le cadre de l’école ou de l’université, car ces questions sont en définitive culturelles, sociales et politiques : le regard que jette une société sur son passé, à travers l’écriture de l’histoire, traduit en effet les buts qu’elle s’assigne, le sens qu’elle accorde à sa destinée.[br /]    Si l’histoire a toujours été l’objet de détournements ou de manipulations idéologiques – les rois de France comme la République se sont servis de grands récits mythologiques légitimant leur pouvoir -, nous sommes cependant depuis peu confrontés à un autre phénomène : une amnésie collective qui tend à enterrer notre histoire ou à n’en retenir que des épisodes sélectionnés et interprétés selon l’esprit du jour. C’est pourquoi Louis Manaranche, à 27 ans, a le sentiment d’être minoritaire dans sa génération. Cet agrégé d’histoire, qui enseigne à la Sorbonne, a lancé le laboratoire d’idées Fonder demain, qui réunit des jeunes, catholiques ou non, issus du mouvement de défense de la famille de 2013. Or ces intellectuels, à rebours de notre époque qui exalte la rupture et le bouleversement, se veulent des « héritiers » et même, horresco referens, des « conservateurs ».[br /]     Dans un essai pénétrant, Louis Manaranche, présentant l’histoire comme un remède à la crise ambiante, refuse donc de tourner le dos à la sagesse des siècles et appelle au contraire à puiser dans les richesses du passé pour construire l’avenir. Face aux transformations du monde et de notre société, argumente-t-il, se débarrasser de notre histoire serait une libération illusoire : un pays sans repères historiques se retrouve perdu comme un navire sans boussole, ne sachant ni d’où il vient ni où il va.[/p] [p style= »text-align: right; »][strong]Jean Sévilia[/strong][/p] [p][em]Retrouver l’histoire,[/em] de Louis Manaranche, Cerf, 126 p., 12 ¤.[/p]

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