Lettre à mon filleul

Cher filleul. Dans ta dernière lettre où tu me racontes ta vie d’étudiant, tu me dis le sentiment d’isolement que tes amis et toi peuvent éprouver en constatant que vous êtes pratiquement les seuls « cathos » de votre promotion. Tu soulignes l’incompréhension, l’ignorance ou parfois l’hostilité auxquelles vous vous heurtez quand vous défendez les positions de l’Eglise. Face aux campagnes récentes contre le pape, tu as ressenti, ajoutes-tu, comme un découragement.

Il serait bien naïf d’ignorer la cathophobie ambiante qui imprègne, dans notre société déchristianisée, le discours médiatique, le monde culturel et, d’une manière générale, l’air du temps. Je dois d’ailleurs te conseiller d’apprendre à te durcir le cuir (mais non le cœur), car cela ne va pas s’arranger.

Cela étant, pour tempérer cette sombre perspective, je te fais remarquer que ta génération bénéficie d’atouts dont nous ne disposions pas au même âge. Pour nous qui avions 20 ans dans les années 1960 ou 1970, l’incertitude régnait au sommet de l’Eglise. A Rome, Dieu merci, c’est un état dont nous sommes sortis. Si les rangs des militants catholiques étaient largement fournis, ils étaient peuplés aussi d’esprits déformés et de quantité de braves gens peu ou mal formés, qui ont tout accepté et tout avalé de la révolution qu’une minorité leur a imposée. Nous-mêmes, les parents d’aujourd’hui, combien sommes-nous à avoir aimé, à 15 ans, les messes à la guitare et les liturgies que nous jugeons maintenant indigentes ?

Vous êtes peu nombreux, sans doute. Mais moi qui vous observe, je remarque que votre foi et votre pratique religieuse sont beaucoup plus profondes qu’étaient les nôtres. Camps, pèlerinages, retraites, sessions diverses : de juillet à septembre, vous serez quelques dizaines de milliers à vous retrouver dans un climat d’amitié et de véritable joie chrétienne. Il y trente ou quarante ans, nous n’avions pas l’équivalent du réseau que vous formez. Laisse-moi te dire, alors, que pour vous, c’est plus qu’une chance : c’est une grâce. Je te souhaite un bon été.

Jean Sévillia

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