L’art de vivre des Autrichiens séduit un Français

Ce qu’il y a de mieux en Autriche ? Il y a mille paysages que j’aime, mais je les ai tous en photo chez moi. Mozart me fait vibrer, mais je peux écouter tous ses disques à la maison. J’admire Klimt, mais je possède dans ma bibliothèque plusieurs albums consacrés à son œuvre. De l’Autriche, je préfère ce qui ne se trouve que là-bas, et qu’on ne peut rapporter dans sa valise. C’est un objet immatériel, même si sa nature tient entièrement à des êtres de chair et d’os, aux Autrichiens eux-mêmes : le meilleur de l’Autriche, c’est son hospitalité et sa convivialité.

Sur ce plan-là, je n’ai jamais été déçu, aussi loin que je remonte dans ma mémoire.

Je me rappelle ce soir d’août – j’étais lycéen – où j’avais été invité à un pique-nique, quelque part dans la montagne au-dessus de Hallstatt. Pendant que le cochon de lait rôtissait sur la braise, mes hôtes chantaient et la bière coulait (heureusement, nous dormions sur place…).

Je me rappelle ces soirées de juillet – j’étais étudiant – où, dans une taverne enfumée de Salzbourg, nous écoutions du jazz.

Je me rappelle ces soirées d’automne – je venais de finir mon service militaire, et je fêtais ça par un voyage dans la vallée du Danube – où les Heurigen, hors saison, reprenaient leur visage le plus authentique : il était si facile de lier conversation avec ses voisins.

Je me rappelle cette journée d’hiver – j’étais avec ma femme – où une tempête de neige tombait sur Vienne ; nous ayant entendu parler français et nous voyant hésiter sur notre chemin, un vieux monsieur blanc comme un fantôme nous renseigna dans notre langue.

Je me rappelle cette randonnée d’été, en Carinthie, où une paysanne nous proposa – nous étions avec nos enfants – d’entrer chez elle, le temps que l’orage s’éloigne.

Je me rappelle ce déjeuner à Graz – j’étais en reportage – où une charmante jeune femme me démontra que l’huile de graine de courge est un délice qui n’a pas son équivalent sur terre.

Je me rappelle – c’était il y a quelques mois – ce dîner chez mon ami W. dont la vieille maison, près d’Innsbruck, ressemble à un musée d’art tyrolien. W. avait invité W., notre grand ami commun. Nos épouses étaient là, bien sûr. Trois hommes, trois femmes, un vin exquis : nous nous sommes quittés tard dans la nuit, après avoir refait le monde.

Chez moi, j’ai mille photos d’Autriche et j’ai tout Mozart. Même les tableaux de Klimt sont venus récemment à Paris. Mais les moments que je viens d’évoquer, il n’y a que là-bas qu’ils sont possibles. A quand mon prochain voyage ?

Jean Sévillia

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