La vogue des blogs

Chaque jour, quelques milliers de blogs sont créés sur Internet : on sait que n’importe qui peut ouvrir un tel site de discussion, a fortiori y participer. Qu’en penser ? Toute époque charrie son lot de nouveautés techniques qui, une fois installées, sont irréversibles. Pas plus que ne reviendront la marine à voile, les diligences ou les lampes à huile, la planète blog ne disparaîtra. Pour le meilleur et pour le pire, il faudra donc faire avec. Comme devant toute innovation technique, il existe, à cet égard, un double devoir. D’une part accueillir le phénomène avec bienveillance pour les bienfaits qu’il peut apporter, et d’autre part apprendre à l’utiliser – et à le juger – pour ce qu’il est : un moyen, et non une fin. C’est là que les choses se compliquent. Quand un moyen exerce des effets négatifs, la frontière entre ce qui relève de la technique – laquelle est neutre en théorie – et ce qui relève de la morale de l’utilisateur est parfois trouble.

Si la vogue des blogs permet de profiter des espaces de liberté que le réseau Internet arrache à la pensée unique, il y a de quoi se réjouir. Néanmoins, tout le monde a-t-il la même légitimité à s’exprimer en public ? A-t-on le droit et le devoir de tout dire sur la Toile ? Il est piquant d’observer, sur certains forums, des catholiques se proclamant plus catholiques que d’autres refaire l’Eglise selon leurs vues, s’érigeant, au nom de la Tradition, en agents d’une véritable Révolution, celle où tout un chacun, donnant son avis sur tout, bouscule toutes les hiérarchies, et se fait l’agent du nombrilisme le plus narcissique.

A ce jour, les blogs les plus sérieux, ceux où la parole est contrôlée, ont été ouverts par des personnalités dont le nom s’est imposé ailleurs que sur Internet. On ne fait jamais l’économie de l’autorité : les bloggeurs chrétiens devront l’apprendre.

Jean Sévillia

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