La fin du IIIe Reich

Il y a soixante-dix ans, l’Allemagne hitlérienne disparaissait dans une atmosphère de fin du monde.

     Le 8 mai 1945, il y a soixante-dix ans, l’Allemagne nazie capitulait. Formellement parlant, elle capitulait deux fois puisqu’une première reddition sans condition avait été signée à Reims, par le général Jodl, le 7 mai, et qu’une seconde capitulation sera signée par le maréchal Keitel, le 9 mai, cette fois-ci à Berlin. La capitale du Reich, dans les faits, avait déposé les armes le 2 mai lorsque les Soviétiques eurent achevé d’en prendre le contrôle. L’Armée rouge avait lancé l’assaut contre la ville le 16 avril, et quinze jours plus tard, dans une métropole en ruine, Hitler s’était suicidé au fond de son bunker. Le dictateur, qui avait promis un nouvel empire pour mille ans, laissait derrière lui un pays dévasté par la guerre dans laquelle il avait précipité son peuple. Au milieu du désastre, les Allemands, militaires ou civils, nazis ou non, étaient réputés complices, fût-ce passivement, d’un régime criminel, ce qui était encore plus vrai à Berlin. « La ville que Hitler n’aimait pas a payé au prix fort sa mise au pas et le symbole qu’elle était devenue », soulignent Pierre Vallaud et Mathilde Aycard, deux historiens qui se penchent sur le paradoxe d’une cité doublement punie (1). Avant de subir la croix gammée, la capitale allemande avait été le havre d’une vie intellectuelle et culturelle intense, où brillaient Fritz Lang ou Marlene Dietrich, Thomas Mann ou Vassily Kandinsky. Dès son arrivée au pouvoir, le Führer avait entrepris de mettre au pas cette ville où les juifs étaient nombreux et qui symbolisait tout ce qu’il détestait. Autodafés, mises au ban de la société, arrestations arbitraires, Nuit de cristal : les auteurs racontent la descente aux enfers de Berlin, jusqu’à la chute finale.
     Des photos de la fin du Reich, en avril et mai 1945, nous en avons tous vu. Celles réunies par Christophe Dutrône, un historien militaire, sont toutefois inédites (2). Accompagnées de témoignages d’époque, ces prodigieux documents forment un saisissant tableau de fin du monde, dans un apogée d’héroïsme et d’horreur, la vie tutoyant la mort.

Jean Sévillia

(1) Hitler contre Berlin, 1933-1945, de Pierre Vallaud et Mathilde Aycard, Perrin, 280 p., 21 €.

(2) La fin du Reich, de Christophe Dutrône, Editions du Toucan, 228 p., 39 €.

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