N’oublions pas Charlemagne

     Du huitième centenaire de la naissance de Saint Louis (25 avril 1214) au centenaire de la Grande Guerre (3 août 1914), l’année en cours aura été riche de commémorations. Il n’est pas trop tard pour évoquer une figure dont on célébrait cette année aussi le douze centième anniversaire de la mort (28 janvier 814) : Charlemagne.Jusqu’aux années 1950, il était regardé, de ce côté du Rhin, comme un ancêtre de la France, tandis que les Allemands considéraient « Karl der Grosse » comme un précurseur de l’Allemagne. Les deux perspectives étaient fausses : il faudra beaucoup de temps après Charlemagne pour que naisse la nation française, et plus encore pour qu’émerge une nation allemande. Il reste que, sans tomber dans les nostalgies ambiguës que son nom a pu parfois fédérer au XXe siècle, cet empereur et roi peut à bon droit être rangé à la fois parmi les pères de la France et les pères de l’Allemagne, mais aussi et surtout parmi les pères de l’Europe, dans la mesure où, pour la première fois depuis la fin de l’Empire romain, les territoires carolingiens ont constitué un creuset où se sont rencontrés, sous l’égide de la foi chrétienne, peuples conquérants et peuples conquis, Gaulois, Germains et Latins.

     Fils de Pépin le Bref, devenu le seul roi des Francs à 29 ans, Charles Ier, que nous avons pris l’habitude de nommer Charlemagne selon le qualificatif latin que lui a donné la postérité (Carolus Magnus), a régné pendant quarante-cinq ans en rassemblant, parfois à la force de l’épée, un empire qui allait de l’Atlantique au Danube.Sa cour, installée à Aix-la-Chapelle, était réputée être la nouvelle Rome, et il se fera couronner par le pape, en 800, dans la basilique Saint-Pierre : ce souverain était un héritier de Rome dans toutes les acceptions du nom. Mêlant droit romain et coutumes franques, il ébauchera des institutions attachées au service public, embryon de l’Etat féodal, tels les missi dominici. L’ouverture d’une école par diocèse ou l’adoption du chant grégorien, nous les devons encore à Charlemagne. Notre dette à l’égard de ce fabuleux personnage est immense.

Jean Sévillia

 

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