Le défi de l’islam

S’il est difficile d’observer la question du point de vue de Sirius, avec détachement, tant l’affaire met réellement en cause notre avenir, il serait intéressant, sur le plan de l’histoire des idées et de l’histoire tout court, de dresser un parallèle entre le regard que portait la société européenne sur le communisme, il y a cinquante ans, et celui qu’elle porte aujourd’hui sur l’islam. A l’époque, il y avait les anticommunistes modérés, toujours prudents, les anticommunistes résolus, capables de raisonner sur le sujet, mais aussi les obsédés, pour qui l’anticommunisme était l’alpha et l’oméga de la pensée (sic) et de l’action (re-sic), et pour qui tout anticommuniste était nécessairement un ami, fût-il un crétin borné. Et dans l’autre camp, outre les communistes eux-mêmes, on trouvait toute la variété des idiots utiles et des compagnons de route.

En 1949, au temps du stalinisme triomphant, Jules Monnerot avait publié une Sociologie du communisme, livre ardu dont la première partie s’intitulait « Le communisme, l’islam du XXe siècle ». Quel sociologue nous donnera prochainement un ouvrage dont la première partie s’appellera « L’islam, communisme du XXIe siècle » ?

Entre les zélateurs inconditionnels de cette religion nouvelle (ou presque) dans l’espace européen et ceux qui, sans garantie de réciprocité, sont partisans de s’ouvrir à elle pour des raisons qui tiennent, on ne sait, à la jobardise, à la haine de soi ou au manque de courage, et, de l’autre côté, les lucides qui savent apprécier le phénomène à sa juste portée, sans le surévaluer ni le sous-évaluer, et ceux qui ne voient plus le monde qu’à travers ces lunettes-là (la peur de l’islam), se mettent aujourd’hui en place des configurations intellectuelles et psychologiques analogues, mutatis mutandis, à celles d’il y a un demi-siècle.

Que l’irruption massive de l’islam dans nos pays soit un fait majeur, gros de toutes les interrogations et de toutes les inquiétudes, ce n’est que trop certain. Le défi ne fait que commencer. Mais pour le remporter, il n’est pas interdit aux chrétiens d’être intelligents.

Jean Sévillia

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