Le christianisme persécuté

De 150 à 200 millions de chrétiens ne sont pas libres d’exprimer leur foi.

Le 12 novembre dernier, le pape François lançait un appel en faveur des chrétiens persécutés : « Je ressens la nécessité d’exprimer ma profonde proximité spirituelle avec les communautés chrétiennes durement frappées par une absurde violence qui ne semble pas vouloir s’arrêter. » Et d’ajouter que les chrétiens « ont le droit de retrouver dans leurs propres pays la sécurité et la sérénité, et de professer librement leur foi ». Cet appel pontifical n’était pas le premier, il ne sera malheureusement pas le dernier. Depuis l’été passé, la situation en Irak a conféré une brûlante actualité à un phénomène qui ne date pas d’hier, mais qui s’aggrave : dans maints pays, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie, il ne fait pas bon être chrétien. Dans son récent rapport, Aide à l’Eglise en détresse (AED), une organisation catholique internationale de soutien aux chrétiens en difficulté, soulignait que la liberté religieuse avait subi un « grave déclin » entre 2012 et 2014, avec des entraves observées dans 81 pays et une détérioration dans 55 autres (1).
Un gros volume qui vient de paraître (oeuvre de 70 contributeurs de 17 nationalités différentes, pas tous chrétiens) dresse, pays par pays, avec cartes et statistiques, le même bilan effrayant : 150 à 200 millions de chrétiens de par le monde sont empêchés d’exprimer librement leur foi (2). En Irak, ils sont condamnés à l’exode ; en Arabie saoudite, ils sont des clandestins ; au Liban, leur destin est fragile ; en Turquie, ils ont disparu ; au Soudan, ils sont victimes d’un génocide ; en Corée du Nord, ils sont rayés de la carte… « La persécution des chrétiens, souligne dans ce livre l’Italien Andrea Riccardi, ne se prête pas à des réductions simplistes et à des instrumentalisations idéologiques. » Certes. Il reste que cette persécution revêt un caractère massif soit dans les pays où prévaut une interprétation radicale de l’islam, soit dans les pays communistes. Ne pas le remarquer serait une lâcheté.

Jean Sévillia

(1) La Liberté religieuse dans le monde, rapport 2014, Aide à l’Eglise en détresse (www.aed-france.org).

(2) Le Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde, sous la direction de Jean-Michel di Falco, Timothy Radcliffe et Andrea Riccardi, ouvrage coordonné par Samuel Lieven, XO Editions, 812 p., 24,90 €.

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