Les menaces sur la famille font réagir les musulmans de France.
Après les municipales, l’aveu est venu de Patrick Menucci, candidat malheureux du parti socialiste à la mairie de Marseille : « Le mariage pour tous nous a coûté des voix. Pas chez des catholiques conservateurs radicalisés, mais dans les milieux musulmans qui ont refusé de voter pour nous en raison de la loi sur le mariage homosexuel. » Sensible dans de nombreuses villes, la désaffection de l’électorat musulman à l’égard de la gauche s’est exprimé après que les Journées de retrait de l’école (JRE), mouvement lancé cet hiver par Farida Belghoul dans le but de protester contre la diffusion de la théorie du genre à l’école, a affolé les cercles officiels par le succès qu’il a rencontré auprès des familles immigrées. Il faudrait encore évoquer Fils de France, association présidée par Camel Bechikh, un musulman qui est un des porte-parole de la Manif pour tous et qui se donne pour objectif d’inculquer le patriotisme français à ses coreligionnaires.
Face à ces phénomènes divers, mais à leur manière concordants, deux erreurs sont à éviter. La première consisterait à accorder à ces réalités une ampleur démesurée, tant du point de vue de l’importance numérique que de l’incidence tangible dans la société, et à croire que le problème posé par la présence de l’islam en France peut être facilement résolu sur la base de positions convergentes et d’intérêts communs. La seconde erreur serait au contraire de tenir ces éléments nouveaux pour quantité négligeable, et de ne pas chercher à utiliser les lignes de fracture que le mouvement de défense de la famille a provoquées dans la chape de béton du pays légal et de la pensée officielle. Des déplacements se sont opérés : sachons les exploiter. Des rapprochements ont été rendus possibles : voyons, même si c’est avec prudence et circonspection, jusqu’où ils peuvent aller. Quand des musulmans rappellent « les racines chrétiennes de la France » (Farida Belghoul) ou osent affirmer que « le socle des valeurs communes en France est celui du catholicisme » (Camel Bechikh), ce sont des signes auxquels nous avons à être attentifs.
Jean Sévillia
Publié le :samedi 26 avril 2014