Le Nôtre en ses jardins

Gloire de son siècle, « le jardinier du roi » restait un homme modeste.

     A l’occasion du quatrième centenaire de la naissance d’André Le Nôtre, fêté en 2013, vient d’être fondé un prix international portant son nom et destiné à récompenser un architecte paysagiste pour l’ensemble de son oeuvre. Architecte paysagiste, l’expression n’existait pas, mais c’est bien le métier qu’exerça celui qui dessina ou restaura les jardins de Vaux-le-Vicomte, Versailles ou Chantilly. A force de qualifier Le Nôtre de « jardinier du roi », on finirait par se le représenter comme un aimable bonhomme flanqué d’une bêche et d’un tablier, oubliant qu’il était un bourgeois fort aisé, avant même d’être anobli par Louis XIV.
     L’historienne Patricia Bouchenot-Déchin retrace sa carrière dans un livre qui comble un vide puisque, si on ne compte pas les albums ou les monographies sur ses réalisations, il n’existait pas, si étonnant soit-il, de véritable biographie de Le Nôtre. Dix années de recherche dans les archives ont été nécessaires pour brosser ce portrait, entreprise dont l’ambition scientifique est allégée par l’écriture de l’auteur.
     L’art des jardins, André Le Nôtre l’a reçu en héritage puisque son grand-père paternel, Pierre Le Nôtre, était jardinier du roi aux Tuileries, office transmis à son fils Jean (le père d’André), et que sa mère, Jeanne-Marie Jacquelin, était elle-même fille d’un maître jardinier. Le jeune André étudie d’abord le dessin chez Simon Vouët et François Mansart. Premier jardinier de Gaston d’Orléans, le frère de Louis XIII, il fait ses gammes à Saint-Cloud et au Luxembourg. Puis il travaille à Fontainebleau pour Louis XIV et à Vaux-le-Vicomte pour Fouquet. Après la chute de ce dernier, le roi lui confie les parterres de Versailles et Colbert, ceux des Tuileries. Dans le même temps, Le Nôtre exécute des projets à l’étranger (ainsi à Greenwich pour Charles II d’Angleterre ou à Turin pour le duc de Savoie) et pour de nombreux particuliers français.
     L’homme était néanmoins modeste – trait de caractère peu répandu chez ceux qu’il servait. En suivant son sympathique héros à la trace, Patricia Bouchenot-Déchin nous fait visiter les coulisses du Grand Siècle. Côté jardin.

Jean Sévillia

André Le Nôtre, de Patricia Bouchenot-Déchin, Fayard, 656 p., 27 €.

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