La voie de l’unité

     Lue le 15 août dernier dans toutes les églises du pays, la Prière pour la France diffusée par le cardinal André Vingt-Trois a déclenché une tempête médiatique. A la télévision, à la radio et dans les journaux, les commentateurs n’y ont vu qu’une déclaration de guerre lancée par l’épiscopat contre le projet du gouvernement visant à donner un cadre légal à l’union des personnes du même sexe. Ni le mot « mariage », ni le mot « homosexualité » ne figuraient dans le texte épiscopal, mais le seul fait, dans la quatrième intention de prière, d’exprimer le vœu que les enfants « cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère » a suffi à provoquer les foudres du lobby gay, pour qui la question du mariage ne fait qu’ouvrir la voie à celle du droit à l’adoption par les homosexuels.

     Cette prière de l’Assomption pourrait marquer un tournant qui évite aux catholiques français de tomber dans le piège dans lequel le système les a précipités, l’an dernier, lors de l’affaire Golgota Picnic, en introduisant une dialectique partiellement artificielle entre « durs » et « modérés » : on se souvient qu’à certains moments, le scandale soulevé par le spectacle semblait moins faire de bruit que la controverse qui se déroulait entre chrétiens. En l’occurrence, le 15 août, ceux qui se veulent mesurés dans leur critique de la modernité ont été victimes de la même hostilité médiatique que les plus intransigeants. Quant à ceux qui se croient en pointe dans la défense des positions catholiques, au point de s’en attribuer explicitement ou inconsciemment le monopole, ils auront dû constater que l’épiscopat français est capable, s’il le faut, de prendre la parole en rappelant que notre pays est placé sous le patronage de la Vierge Marie dont l’intercession ne doit jamais être négligée – discours qui se faisait rare dans les instances dirigeantes de l’Eglise de France.

     Un combat attend les catholiques. Le pire serait qu’ils l’abordent divisés.

Jean Sévillia

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