Bonne nouvelle à Rome

La foule, place Saint-Pierre, ne réagit pas comme les médias

     Quand cette chronique paraîtra dans l’Homme nouveau, son objet sera déjà lointain, mais pas la leçon à en tirer. C’est elle qu’il faut retenir.

     Depuis l’élection du pape François, les dépêches des agences de presse concernant le Vatican contenaient tous les clichés auxquels nous pouvions nous attendre, si différente est l’histoire personnelle du souverain pontife par rapport à celle de son prédécesseur, et si dissemblable son style. « Le pape des pauvres », « L’homme qui va changer l’Eglise », « Le pape humble », etc., toutes ces formules creuses ou absurdes ont circulé, présupposant que Benoît XVI ne s’intéressait pas aux pauvres, qu’il n’avait pas changé l’Eglise (il l’a changée, mais pas dans le sens qu’ils attendaient…), ou qu’il n’était pas humble… Passons.

     Il était évident que le vent tournerait un jour. Il suffisait de guetter le moment, et les dépêches. Ce moment est arrivé, le 12 mai, quand le pape a appelé les gouvernements à assurer « une garantie juridique de l’embryon », et salué les participants de la Marche pour la vie de Rome. Extrait de la dépêche AFP du 13 mai : « Le pape François s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs en matière de mœurs, au risque de hâter la fin d’une lune de miel avec l’opinion libérale. (…) Les catholiques libéraux espèrent que le pape permette un jour à des hommes mariés d’être prêtres, autorise l’ordination des femmes, libéralise la position de l’Eglise sur la pilule et le préservatif, intègre mieux les divorcés et les homosexuels. Mais le pape semble peu disposé à des changements radicaux».

     Le piquant, toutefois, se trouve dans une dépêche publiée deux jours plus tard (AFP, 15 mai). Celle-ci signale que les audiences de Benoît XVI rassemblaient 20 000 à 30 000 fidèles chaque semaine, place Saint-Pierre, tandis que, depuis le mois de mars, celles du pape François en réunissent en moyenne plus de 70 000. On en conclura que le vaste peuple catholique qui vient en foule pour écouter le pape ne pense pas comme « l’opinion libérale » dont parle l’AFP. C’est ce qu’on appelle une bonne nouvelle.

Jean Sévillia

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