1914, encore une fois

La Grande Guerre, quatre années qui ont changé le monde

     Plusieurs centaines de livres accompagnent le centenaire de 1914. Dans ce flot de parutions, le meilleur côtoie le pire, en tout cas l’inutile, nombre d’ouvrages n’apportant rien de neuf. Les bonnes surprises peuvent toutefois venir d’études sur des sujets jamais explorés, comme de synthèses remettant en perspective une multitude d’informations issues de sources éparses. Il en est ainsi du volume publié par François Cochet, professeur à l’université de Metz et maître d’oeuvre (avec Rémy Porte), en 2008, d’un Dictionnaire de la Grande Guerre paru dans la collection « Bouquins ». Son nouveau livre porte un sous-titre : « Fin d’un monde, début d’un siècle ». Avec ses 500 pages, dont 28 de notes et 10 de références bibliographiques, l’objet avait tout pour être pesant. Or c’est tout le contraire. En suivant un plan qui mêle habilement le chronologique et le thématique, l’auteur donne un passionnant résumé du premier conflit mondial, sans perdre son fil rouge : chapitre après chapitre, il montre comment ce drame collectif a été, tout à la fois, le fruit du XIXe siècle et le germe du XXe siècle.

Des premiers affrontements d’août 14 aux « hyperbatailles » de 1916 (Verdun, la Somme), des tranchées des Vosges aux opérations dans les Balkans, en Afrique ou au Moyen-Orient, des grands chefs (de Joffre à Hindenburg) aux simples soldats de tous les camps, des combats sur le front à la situation à l’arrière, des questions tactiques aux chiffres des pertes, de l’organisation de la propagande aux problèmes de l’intendance, François Cochet explore toutes les dimensions du conflit : militaire, stratégique, politique, économique, sociale et culturelle. L’exposé des causes de la conflagration introduit à la complexité et à la pluralité des regards (« des sphères explicatives imbriquées ») sur ces quatre années qui ont changé le monde. Dans sa conclusion, après avoir analysé l’après-guerre et les traités de paix et s’être interrogé sur le lien entre la première et la seconde guerre, l’historien met en garde contre les jugements anachroniques : prêter aux hommes de l’époque la mentalité d’aujourd’hui, c’est s’exposer à ne rien comprendre à la Grande Guerre.

Jean Sévillia

La Grande Guerre. Fin d’un monde, début d’un siècle, de François Cochet, Perrin/Ministère de la Défense, 518 p., 25 €.

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