Les secrets de la Pompadour

La favorite de Louis XV au-delà de la légende noire.

     Ci-gît qui fut vingt ans pucelle, sept ans catin et huit ans maquerelle. » Cette épitaphe anonyme courut en 1764 lors de la disparition, à 42 ans, de Madame de Pompadour. De son vivant, la favorite de Louis XV, fortement impopulaire, avait été l’objet d’innombrables insultes. Morte, elle traînait une mauvaise réputation qui court encore : combien de livres ou de films la présentent comme une ambitieuse sans foi ni loi ?
     Historien de la culture et des sociétés, auteur de livres sur la violence, la police, la sexualité ou la sorcellerie, Robert Muchembled s’est intéressé à Madame de Pompadour après avoir découvert, lors de recherches sur le XVIIIe siècle, que certains services secrets travaillaient pour elle. S’étant pris au jeu, l’historien a exploré de nombreux fonds d’archives et en a tiré une biographie qui, perçant quelques-uns des ultimes mystères de la célèbre marquise, renouvelle largement son image, tant pour les aspects négatifs de sa personnalité que pour leur part positive.
     Née dans un milieu bourgeois, Jeanne Poisson reçoit une éducation soignée puis est mariée au neveu d’un fermier général. Celle qui est une des plus jolies femmes de Paris est introduite à Versailles, en 1745, y suscitant la passion de Louis XV. Entrée dans son lit, elle en sortira au bout de cinq ou six ans, sa sensualité défaillante ne pouvant satisfaire le roi, mais elle restera son amie fidèle. Installée à Versailles, titrée marquise puis duchesse de Pompadour, déférente avec la reine mais détestée du Dauphin (qui l’appelait Maman Putain), elle sera pendant vingt ans une figure de premier plan de la Cour. Avocate des Lumières, protectrice des arts, elle saura défendre sa position et placer ses amis (ainsi Bernis), parfois avec férocité. L’enquête de Muchembled montre cependant que la favorite, contrairement à la légende noire, n’influença ni la politique ni la diplomatie du souverain.
     Au bout du compte, l’histoire de Louis XV et de Madame de Pompadour, c’est celle d’un chef d’Etat qui se sépare de sa maîtresse mais la traite avec délicatesse, et d’une femme quittée qui ne cesse de témoigner du respect envers son ancien amant et qui, en dépit de ses défauts, aura servi la monarchie. Autres temps, autres moeurs.

Jean Sévillia

Madame de Pompadour, de Robert Muchembled, Fayard, 588 p., 26 €.

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