Le mariage en péril

     En lisant le titre de ce courriel trouvé parmi cent autres reçus automatiquement chaque jour, il y avait de quoi croire à une plaisanterie : « Dans quelles régions françaises est-on le plus infidèle ? » Ce n’était pas un canular : il s’agissait d’un communiqué émanant d’un site de « rencontres extraconjugales » qui, affirmant compter « plus de 600 000 français inscrits », vantait son action au prétexte que, un mariage sur trois se terminant par une séparation et un sur deux en grande agglomération, l’infidélité, véritable « alternative au divorce », serait « le secret de la longévité des couples ».

     Je n’aurais pas lu ce texte, ayant mieux à faire que d’explorer les méandres de l’immoralité contemporaine, si le même jour et au même moment, parmi la vingtaine de livres qui m’arrivent quotidiennement en service de presse, mon œil n’avait été attiré par un titre tout aussi provocateur : La polygamie, pourquoi pas ? L’auteur – une femme, présentée comme « philosophe de formation » – prétend démontrer que la monogamie est une forme de vie respectable, mais que la polygamie, entendue dans son sens large de polygynie (un homme marié avec plusieurs femmes) ou de polyandrie (une femme mariée avec plusieurs hommes), est une formule qui mérite d’être reconsidérée positivement, d’autant plus que, avant d’avoir été éliminée par l’Eglise, elle aurait été pratiquée dans l’histoire, y compris aux débuts du christianisme. L’ouvrage, précisons-le, n’est pas sorti sous le manteau, mais chez un prestigieux éditeur parisien (1).

     C’est cela qui doit nous alerter. Quand la théorie du gender a été professée pour la première fois, elle paraissait marginale. On sait ce qu’il en est aujourd’hui. Nous assistons de même à une offensive de fond contre le mariage. Il faut en conséquence se préparer à un combat long, difficile, et à contre-courant, qui suppose de connaître les raisons historiques, sociales, culturelles, doctrinales et spirituelles pour lesquelles le christianisme a imposé l’union volontaire et indissoluble d’un homme et d’une femme comme pivot de la société.  

Jean Sévillia

1) Catherine Ternaux, La polygamie, pourquoi pas ?, Grasset.

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